FIGARO le 21/4/2020,
de nouveaux conseils de Christian Merlin
Du Comte d’Ory à La Femme sans ombre en passant par le grand Mariss Jansons, le programme est varié.
Publié hier à 15:47, mis à jour hier à 16:52 et remis en page pour le CRWT le 21/4/20
Le Comte Ory de Rossini, monté en 2017 par Denis Podalydès et Louis Langrée, servi au cordeau par une distribution idéale de jeunesse et de style. Vincent PONTET
Déjà riche en temps normal, l’offre musicale sur internet est plus foisonnante que jamais. Tentons d’extraire quelques pépites de ce gisement qui tient parfois de la forêt vierge. Vous avez envie de légèreté? Retournez à l’Opéra Comique pour revoir Le Comte Ory de Rossini, monté en 2017 par Denis Podalydès et Louis Langrée. Le mécanisme d’horlogerie si délicat de la comédie rossinienne y est servi au cordeau par une distribution idéale de jeunesse et de style, Julie Fuchs et Gaëlle Arquez portant haut les couleurs d’un chant français qui n’a jamais été autant à pareille fête.
Le Comte Ory de Rossini
https://www.youtube.com/watch?v=IIvTo9PY3iY
Vous cherchez l’insolite? L’an dernier, nous exprimions notre enchantement après la création des Trois contes de Gérard Pesson à l’Opéra de Lille. Nous vous disions que l’intelligence et la subtilité ont quelque chose de jubilatoire à une époque qui préfère les gros sabots: rien de changé! Il y a beaucoup d’esprit dans ce qui pourrait n’être qu’un exercice de style (raconter sous six angles différents l’histoire de la princesse au petit pois…), et même quand la musique de Pesson multiplie les allusions, elle reste elle-même, toute en finesse, comme les chanteurs et la mise en scène.
Les trois contes de Gérard Pesson
https://www.youtube.com/watch?v=_gAshzxyxBM
Si vous êtes en quête de profondeur et de frisson, c’est une fois de plus vers l’Opéra de Munich que l’on vous conseillera de vous tourner, cette fois pour l’inoubliable Femme sans ombre de Richard Strauss, magnifié en 2013 par Kirill Petrenko et Krzysztof Warlikowski. Inspirée par L’Année dernière à Marienbad, la mise en scène atteint le point d’équilibre entre réalisme et fantasmagorie, trouvant un relais psychologique dans le jeu inspiré des chanteurs, et surtout dans l’orchestre génialement sculpté par Petrenko, passant en un rien de temps de la tendresse la plus caressante à la plus intense déflagration.
La femme sans ombre de Strauss
https://operlive.de/frau-ohne-schatten/
Puisque nous sommes à Munich, il n’y a que la Max-Joseph-Platz à traverser pour passer de l’Opéra à la Herkulessaal, où joue l’Orchestre symphonique de la radio bavaroise, qui met en ligne un choix de concerts. L’occasion de retrouver avec émotion celui qui nous manque tellement: le grand Mariss Jansons, notamment dans ce poignant programme où il s’agit de transcender la douleur, rapprochant Un survivant de Varsovie, de Schönberg, et le Requiem de Mozart.
Marris Janson : Schoenberg, Mozart
https://www.br-so.de/mariss-jansons-muenchen-12-05-2017/k5088/
Un art transmis
Et, puisque la roue tourne, n’oubliez pas que Jansons a transmis ce qu’il pouvait de son art à son disciple et compatriote letton Andris Nelsons, qui n’a sans doute pas encore la profondeur de son maître, mais déjà un rayonnement humain et une force de persuasion musicale qui font de lui un des chefs préférés de l’Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam, avec lequel il laisse une grandiose interprétation des Danses symphoniques de Rachmaninov.
Andris Nelsons : Danses symphoniques de Rachmaninov
https://www.youtube.com/watch?v=xfAh0CMgYT0