Tannhäuser Bayreuth 2019, la critique de Christian

Tannhäuser Bayreuth MMXIX

Merci à notre Cercle préféré de nous avoir permis d’assister à cette nouvelle production.

Sur Facedebouc et sur les réseaux asociaux, on trouve des critiques à charge, de la part de spécialistes qui ne l’ont pas vue. Grâce à iceux et icelles, il y a des places disponibles.

Sur la Colline sacrée, l’œuvre d’Art de l’Avenir est toujours expérimentale.

Dame Cosima, Messires Wieland et Wolfgang, respect et paix à vos âmes.

Notre Richard était, et serait encore dans la surprise de la nouveauté, et la provocation

Ouverture

Les hommes de théâtre ayant horreur du vide, la vidéo nous fait survoler la Wartburg, puis plonge dans la forêt, découvre une route, et un petit fourgon Citroën « tube ».

Quatre joyeux compagnons : Vénus au volant, Tannäuser en habit de clown, le petit nain (pléonasme) Oskar du film « Le Tambour » (Volker Schlöndorff), et un éphèbe LGBTP travesti transgenre etc. On n’a plus le droit de dire « y’a bon Banania », donc il est nommé  « Gâteau Chocolat ». Cette joyeuse équipée libertaire est rattrapée par le principe de réalité : jauge d’essence à zéro, glacière vide…

Arrêt à un Burger King pour faire le plein de malbouffe avec fausse carte bleue, et pour siphonner le carburant des autos du parking.

Un vigile s’interpose, se fait écraser par Vénus euphorique.

Acte I

Zu Viel ! Zu Viel !

C’en est trop pour Tannhäuser. Enfin une vraie faute à expier.

Tannhäuser est là et las, devant la photo de la Vénus de Botticelli.

L’équipe arrive de nuit en forêt de Grimm, devant une cabane de nains.

Gâteau Chocolat s’habille en Blanche Neige.

On entend l’appel des Sirènes à la radio.

Vénus et Gâteau Chocolat collent les affiches au slogan préféré de RW en 1848 :

« FREI IM WOLLEN ! »            (libre de vouloir)

« FREI IN THUN ! »                   (libre d’agir)

« FREI IN GENIESSEN ! »      (libre de jouir)

Scène de ménage Vénus Tannhäuser…

« Maria ! »

Tannhäuser saute en marche du fourgon.

Sur la route, le jeune pâtre à vélo le réconforte et annonce Mai, mois des amours.

Les Pèlerins sont les festivaliers habillés « en dimanche » qui se pressent vers le

Festspielhaus illuminé. Lavignac est parmi eux…

Les retardataires de la troisième sonnerie de trompettes se pressent sous le regard de la statuette de Richard Wagner.

Arrivent les acteurs de l’Opéra habillés en machinistes. Ils retiennent leur ancien compère. Elisabeth, à peine habillée, « tirée » de sa loge, arrive et lui en colle une.

Réveil « Zu Ihr ! » Il jette ses habits de clown. Vénus arrive trop tard.

Entracte

Dans les jardins extérieurs, autour du lac, Vénus et sa bande tapent le bœuf avec des airs de l’Opéra, et du rock. Autour de fourgon Citroën et des bouées de plage, le public d’intégristes qui vient de huer, applaudit… Vite ! Enfermons les dehors !!!

Acte II

Le format de scène est coupé en deux : en bas la réalité de l’action, en haut en vidéo les coulisses, les loges, l’action extérieure à la scène (Patrice Chéreau aimait aussi montrer l’envers du décor).

Grande Salle féodale, traditionnelle et rigide. Participants en habits noirs.

Elisabeth montre la preuve de sa vraie souffrance : une cicatrice sur son avant bras.

Retrouvailles de Tannhäuser et Wolfram. Ce « dernier » confie sa solitude à un mur dans les coulisses. Le machiniste le renvoie sur scène. Trompettes.

Pendant ce Temps Vénus (vidéo) entre par effraction, prend les habits d’une choriste,

Tannhäuser provoque un charivari (attends Richard ! plus tard dans les Maîtres !)

Vénus et sa troupe montent sur scène, malmènent la harpiste et Biterolf.

Vénus nous fait sa danse des sept voiles sur le chant de Tannhäuser…

Vénus fait sortir Tannhäuser du cadre, Elisabeth l’y ramène. Le Landgrave temporise.

Sauve qui peut ! En coulisse Katharina Wagner appelle la Polizei.

Tannhäuser part menotté « nach Rom »…

 

Acte III

Désolation. Tout est gris et glauque.

Vénus et ses deux compères squattent dans une zone de SDF, sous un panneau publicitaire, ferrailles, saletés. L’épave du fourgon sert d’abri. Oskar chauffe sa soupe dans son tambour.

Les Pèlerins de retour sont des « festivaliers » d’une autre sorte de festival hard rock métal après trois jours de pluie. Damnés de la Terre, ils reviennent absous de leurs péchés, et doivent se dém… Ils pillent tout ce qu’ils trouvent, ferrailles, tuyaux, antenne TV, réchaud…

Comme pendant au lied à l’étoile de Wolfram, le décor tourne, et sur le panneau publicitaire, on voit Gâteau Chocolat posant pour une publicité de montre de luxe sertie d’étoiles qui éblouissent la salle. Lui s’est intégré au système. Un de moins pour Vénus qui continue seule à coller ses affiches.

Elisabeth n’est plus la jeune fille avec lys couronne et tresses. Les cheveux lâchés, elle accroche sa robe blanche à un arbre mort. (lui aussi).

Wolfram chante son lied à l’étoile, prend les habits de clown de Tannhäuser.

Elisabeth, pas dupe l’invite à la « saillie ». Elle a retourné le page et tourné la page.

La petite mort précède la vraie. Elle se suicidera…

On n’a plus le temps de se laisser mourir de chagrin.

Post coïtum, animal triste…

Tannhäuser revient et déchire sa partition.

Oskar veille sur le corps sans vie d’Elizabeth.

La vidéo nous montre une fin hollywoodienne des deux amoureux virtuels (T + E)

en route en fourgon vers un coucher de soleil sur la forêt de la Wartburg.

Final orchestral. Clap de fin.

Plateau vocal et chœurs, exceptionnels.

Tannhäuser : Stephen Gould, déjà vu en Tristan

Elisabeth : Lise Davidsen, à suivre l’an prochain

Vénus : Elena Zhidkova, vraie Vénus athlétique, sensuelle, acrobate, dompteuse (sauf T), magnifique chantactrice que les Toulousains avaient pu admirer, somptueuse et dominatrice dans Fricka de la Walkyrie au Capitole de Toulouse en février 2018.

Landgrave : Stephen Milling

Certains ont hué Valery Gergiev !!! ???

Quand on est copain avec Vladimir Poutine, on ne peut pas être mauvais…

Christian Lalaurie, 23 août 2019

TANNHÄUSER

Opéra en 3 actes sur un livret du compositeur
Créé à Dresde (Hoftheater) le 19 octobre 1845
Version de Dresde

Mise en scène Tobias Kratzer
Décors et costumes Rainer Sellmaier
Lumières Reinhard Traub
Vidéo Manuel Braun
Dramaturgie Konrad Kuhn

 

Tannhäuser Stephen Gould Elisabeth Lise Davidsen
Vénus Elena Zhidkova Wolfram von Eschenbach Markus Eiche
Hermann Stephen Milling Walther von der Wogelweide Daniel Behle
Biterolf Kay Stiefermann Heinrich der Schreiber Jorge Rodriguez-Norton
Reinmar von Zweter Wilhelm Schwinghammer Un jeune pâtre Khatharina Kondari
Le Gateau Chocolat Le Gateau Chocolat Oskar Manni Laudenbach

Choeurs et Orchestre du Festival de Bayreuth
Chef des choeurs
Eberhard Friedrich
Direction musicale
Valery Guergiev

Bayreuth le 17 août 2019

 

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